Choisir sa prochaine destination de surf-trip en hiver est toujours difficile. On hésite entre le climat, la proximité, les vagues et surtout le budget. Baver sur les vagues longues du Sri-Lanka et les barrels de l’Indonésie est normal mais ces spots sont à quelques milliers de kilomètres et le billet d’avion à quelques milliers d’euros. Si se rabattre sur les pistes de ski ou les eaux froides du Portugal peut vous faire un peu de peine, sachez alors qu’il existe d’autres destinations moins chères et tout aussi paradisiaques.
Pour vous le prouver, nous nous sommes rendus à Fuerteventura, aux Canaries.
A seulement 4h d’avion de la France et à moins de 200€ a/r, cette destination séduit déjà bon nombre de surfeurs européens et il est probable que vous y mettiez un pied très prochainement.
Située à l’est du Maroc, Fuerteventura a un climat doux toute l’année malgré sa réputation pour les rafales de vent. Que vous vous y rendiez en été ou à la mi-novembre, vous vous baladerez en tee-shirt et jusque fin décembre la 3/2 sera presque trop chaude.
Les paysages sont à couper le souffle. Les îles Canaries étant d’origine volcanique, les traces de cette géologie peuvent être observées sur chacune d’elles. Entre volcans, champs de cailloux, désert de sable fin et océan atlantique, les paysages nous en mettent plein la vue. On hésite même à délaisser une session de surf pour s’aventurer en haut d’un volcan mais la qualité des vagues nous rattrape.
Qui dit surf-trip, dit grosse attente sur la qualité des vagues.
Sur cette île, vous aurez le choix entre des vagues de reef ou de sable. Sachez tout de même que le reef n’étant pas très coupant, vous n’aurez pas de mal à entrer dans l’eau sans chausson.
Le nord de l’île appelé le « north shore » regroupe la plupart des meilleurs spots de surf de l’île.
Perdus au milieu de nulle part, sur des chemins non balisés, les spots de surf sont sauvages. A première vue ils paraissent difficile à atteindre, jusqu’à ce que vous croisiez une fiat 500 à vive allure. Ici, il ne faut pas avoir peur de salir sa carrosserie et de s’aventurer sur des chemins pleins de cailloux qui ne ressemblent pas à des chemins. Enfin, la récompense est de taille : l’eau est translucide et avoisine la vingtaine de degrés toute l’année. De quoi vous faire sentir au bout du monde !
Fuerteventura a la particularité d’être très venteux mais un indicateur facile permet de savoir si le spot sera clean ou non : les ailes de kite-surf. Qui dit kite-surf, dit vent fort et plan d’eau de mauvaise qualité. Il n’est pas rare de voir des voitures faire demi-tour à mi chemin en apercevant des kites. No worries, il existe des spots de replis, abrités du vent. On ne vous les citera pas mais vous trouverez facilement quelqu’un sur place pour vous les faire découvrir.
Felipe, super-hero local.
Nous, nous avons trouvé Felipe. Moniteur de surf depuis quelques années, il tient aujourd’hui son propre surf-camp (www.laolasurfcamp.com) à Corralejo au nord de l’île.
Novices sur l’île, il nous a fait découvrir avec passion tout le north shore un matin à 7h. Deux heures de route dans les cailloux, sans amortisseur de 4×4, à la recherche du spot parfait. On tremblaient encore en sortant de la voiture, mais les paysages étaient irréels.
Au milieu de rien, au bout d’un chemin de terre, un spot. Mais il n’y a personne à l’eau. « Ici, on prend l’habitude de surfer tout seul. Il faut même parfois motiver un pote quand c’est un peu gros pour ne pas se retrouver seul en cas de problème. Des fois les conditions sont parfaites et tu es tout seul pour profiter du spot. Mais c’est comme ça que tu progresses parce que tu prends toutes les vagues que tu veux et si tu tombes c’est pas grave. » nous explique Felipe à la fenêtre de son 4×4. On ne peut alors s’empêcher de comparer ça à Biarritz version Chineese.
Finalement, on trouve le spot idéal un peu plus loin. Une plage de sable entre deux énormes falaises: Esquinzo. Il faut descendre à pied la falaise pleine de cailloux pour arriver dans l’eau. Dit comme ça, ça ne fait pas rêver voire presque peur. Mais ça ne rebute en tout cas pas les surfeuses locales.
Une dizaine de personnes à l’eau et beaucoup de filles.
« Il y a beaucoup de locales qui surfent ici. Ma copine surfe en gang avec 4/5 filles et c’est comme ça qu’elles progressent, elles se motivent entre elles. C’est rare de n’être qu’entre hommes ici à l’eau. C’est pas comme ça à Biarritz ? » nous raconte t’il. Ah non, ce n’est pas comme ça et c’est dommage.
Si les filles sont nombreuses, c’est en partie dû aux nombreux spots de reef. En effet, nous explique Felipe « Sur le sable, les vagues sont moins régulières. Les bancs de sable étant très changeant, les sessions ne se ressemblent pas et sont plus physique à la rame. Contrairement au reef, qui lui ne bouge pas. Il existe pas mal de spots de reef où les vagues cassent toujours au même endroit et il y a une passe sur le côté pour monter au pic, c’est vraiment easy. »
Les nanas aiment surfer entre elles, et ça Felipe l’a bien compris. Chaque année, il organise des semaines dans son surfcamp réservées aux surfeuses. « Le surf attire les filles de plus en plus. Même quand ce ne sont pas des semaines spéciales, il y a beaucoup de filles qui s’inscrivent pour venir apprendre à surfer, c’est vraiment top. » Et c’est vrai, nous avons choisi Laola et avons passer la semaine entourés de surfeuses en devenir.
Pour partir surfer à Fuerteventura la première fois, choisir un surfcamp, même si vous savez surfer, est une valeur sûre. Les spots étant sauvages, il est assez difficile d’oser s’y aventurer et de déceler le bon spot. Si vous partez une semaine, vous pourriez avoir à passer 2j de repérages avant de trouver le spot. Chez Laola, Felipe nous a appris les endroits à connaître et avons gagné bien du temps. Et si vous ne savez pas surfer, c’est encore mieux ! Une planche en mousse, un bon prof et hop !
Adieu donc à l’eau froide portugaise et aux pistes enneigées de Courchevel. Fuerteventura, ce n’est pas le nom d’un parc d’attraction mais certainement le nom qui figurera bientôt sur vos billets d’avion. Choisir de skier ou de surfer en hiver était un choix difficile, plus maintenant.
Photos: Leo Maigret