On les compte souvent sur les doigts d’une main et quand on en voit une, on lui sort notre plus beau sourire en signe de solidarité. Être une surfeuse au line up c’est souvent être seule face à une tripotée de mecs. C’est se remettre la combinaison qui nous rentre dans les fesses pendant que les autres se mouchent dans l’eau. C’est se sentir en minorité parfois et se demander pourquoi ce sport si ingrat et physique n’attire pas plus de filles.
Mais ce samedi 23 juin ça ne s’est pas passé comme ça. Pour la première fois depuis bien longtemps, c’était tout le contraire à l’eau. 90 surfeuses et 3 mecs venus accompagner leur copines.

 

10h30, rendez vous sur la plage pour un cours de surf avec l’ESCF avant d’enchaîner sur une grosse journée surf, healthy food et yoga avec Emma. Les nanas arrivent peu à peu et elles sont sur-motivées. Il faut dire que nos prières ont été entendues: petites vagues glassy proche de la plage et grand soleil.

« On vient de Paris toutes les deux et on est venues exprès pour cet event » lance l’une d’entre elles avec un grand sourire. Wow ça résonne comme un feu d’artifice dans la tête de Manon, co-fondatrice de cet événement organisé avec la marque de surf Hurricane.

« C’est à ce moment là qu’on se rend compte que le réseau social hyper égocentrique qu’est Instagram peut avoir une portée bien plus intéressante que quelques likes sur une photo. »

Elles sont 90 à avoir été convaincues à nous rejoindre sur la plage des bourdaines à Seignosse grâce à instagram. Quatre-ving dix nanas venues apprendre à surfer pour certaines, s’amuser pour d’autres mais toutes dans le même état d’esprit. Celui qu’elles ont leur place au line-up.

Parce qu’il n’y a rien de facile là dedans quand on est pas nés les deux pieds sur une planche ou dans une famille de surfeurs. Réapprendre un sport à 20 ans, repousser ses limites, mettre son égo de côté quand on frôle le ridicule, se faire peur et y retourner, trouver le bon accompagnateur ou la bonne planche, comprendre l’océan, les marées… Un tas de paramètres qui font que le surf n’est pas comme aller faire un footing.

« Trouver des partenaires de surf c’est finalement un peu comme chercher l’amour de sa vie sur Tinder. »

Certaines ont 50 ans et d’autre 13. Certaines même vivant à 5 mn de la plage n’ont jamais trop osé se jeter à l’eau avant cet événement. « Je vis à Hossegor et dans ma famille personne ne surfe vraiment du coup je m’y suis mise super tard. Tous mes potes surfent déjà depuis 20 ans et moi je suis à la ramasse à côté alors je n’ose pas les suivre » nous raconte Chloé, 22 ans. Trouver des partenaires de surf c’est finalement un peu comme chercher l’amour de sa vie sur Tinder. Compliqué.
Alors on aime se rassembler pour partager des moments simple, sans jugement pour apprendre des expériences des autres et évoluer ensemble. Avant de, pourquoi pas, se retrouver plus tard pour d’autres sessions.

Il est 11h et nous avons envahi le spot de bikinis et de bonnes vibes. On entends des « yewww », des « go go go » et les visages sont détendus. Mission accomplie pour Craig+Aline de chez Hurricane et Manon+Fred de Allons rider, les filles ont l’air de s’éclater. Il y a des boards pour tout le monde sur la plage et libres aux nanas de les essayer.
A l’eau, on s’échange les leashs entre les accalmies et on se donne des conseils au line up. « T’es un peu trop sur l’avant de ta planche, c’est pour ça que tu plantes ».

En fait, il faut se le dire. Entre nanas c’est pas pareil. « Il y a une certaine solidarité qui se met en place et qui est assez bluffante » remarque Inès, 27 ans, blogueuse surf.
15H. La marée est trop haute et les vagues ne daignent pas réapparaître, il faut alors trouver une occupation pour ne pas griller comme des toasts qu’on aurait oublié dans le grille-pain.  Fred notre speaker de l’extrême propose alors de faire un ultimate. A première vue, rien de très séduisant. Mais c’était avant d’imaginer la scène que pouvait donner 90 nanas s’arrachant un morceau de plastique sur le sable. A la clé: des leashs et de la wax Hurricane. Cette fois c’est sur, les filles marchent au défi.
Ça cri, ça court vite et non ce n’est pas sur la dernière bombshell que se jètent ces nanas furieuses. Juste un petit freesbie en plastique vert fluo. « Et encore on leur avait donné à manger avant » s’exclame Fred en rigolant. Elles donnent tout sur le sable bouillant et nous rappelle que nous ne sommes pas à un de ces events beauty makeup et que les nanas présentes sont belles et bien de vraies sportives.

Et c’est encore plus beau à voir dans l’eau. Dieu merci la session de ce matin était incroyable mais à 16h, toujours aucun signe des vagues. Les filles décident alors de se jeter à l’eau pour un relai. Le concept: ramer le plus vite possible pour atteindre la bouée et donner le leash à la suivante une fois arrivée sur la plage.
Sarah et Ainhoa Leiceaga sont sponsorisées par Billabong. Son papa nous explique qu’elles n’ont pas l’habitude de ce genre de rassemblement: « Elles sont toujours en compétition avec les autres filles d’habitude, c’est cool pour elles de voir que le surf ça n’est pas que ça ! ». Sarah, 13 ans, prend son rôle de chef d’équipe très à coeur puisqu’elle court sur la plage pour aider chaque nana terminant son tour à enlever son leash dans le shorebreak. Une belle leçon (à méditer pendant le cours de yoga) qui prouve que peut importe le niveau, ce qui compte avant tout en surf, c’est de prendre du plaisir.

Merci à toutes les participantes pour leur bonnes ondes et leur motivation sans faille. Merci à Hurricane de mettre en avant les nanas dans le surf. Merci ESCF pour les cours de surf. Merci Green cantine pour le repas veggie au top et Wollbeer pour l’apéro  Merci Emma pour ce cours de yoga détente. Merci Fred d’avoir été un incroyable speaker. Merci merci merci… et vivement la prochaine ! 

Photos: Fred Lecoq

Photos: Fred Lecoq