Sujet tabou et pourtant très important, la période des règles chez les femmes est encore aujourd’hui un sujet sensible et d’autant plus dans le monde du sport. Alors qu’à la télévision, les publicités communiquent une image positive du sport pendant les règles, ce n’est pas toujours le cas et certaines athlètes en font les frais régulièrement. Non, nager avec ses règles et des nett pro confort, ne va pas leur enlever la douleur ni disperser des paillettes dans l’eau, c’est plutôt shark attack dans le bassin.

Réalité, témoignages, nous avons creusé le sujet pour faire entendre ce qu’ont à dire les surfeuses sur le sujet.

 

Athlètes de haut niveau et période de menstruation

Depuis deux ans, de nombreuses sportives ont décidé de protester contre la mise sous silence de la douleur physique en période de menstruation.

Et c’est la nageuse chinoise, Fu Yuanhui qui a ouvert le balle en brisant le tabou spontanément lors des JO de Rio. La jeune athlète, à défaut de remporter la médaille d’or, avait évoqué le sujet ouvertement en expliquant sa déception dû à ses règles : « Je n’ai pas nagé assez bien cette fois-ci. C’est parce que j’ai mes règles depuis hier, donc je me sens particulièrement fatiguée. Mais ce n’est pas une raison, je n’ai pas assez bien nagé ».

Mais ce n’est pas là seule à se sentir affaiblie pendant cette période. La gymnaste Youna Dufournet se souvient « d’une compétition où une fille plus jeune était encore pliée en deux dans son lit une heure avant la compétition et à qui on faisait prendre des bains chauds pour calmer la doubleur » ou encore Sarah Ourahmoune, médaillée d’argent en boxe aux JO de Rio, raconte avoir vomi partout pendant la pesée alors que ses règles étaient arrivées juste avant un combat.

Elles sont toutes concernées par le même problème, tous sports, toutes nationalités, tous niveaux confondus. Mais alors qu’en est-il pour nos surfeuses ?

 

Moralité et règles

Tu le connais, le moment gênant où tu te retrouves à la caisse avec ton énorme paquet de serviettes hygiéniques et que le mec derrière toi te regarde bizarrement. « Ouais j’ai mes règles et alors ? Tu veux mon tampon pour t’en faire un collier ? » Si vous nous lisez messieurs, sachez que c’est exactement comme quand vous achetez des préservatifs à la pharmacie. « Je vous met du viagra avec ceci ? »

C’est simple, les femmes ont établi une norme de phobie des règles parce que la société les empêche d’en parler ouvertement, les menstruations seraient sois disant « sale » ou « degueu ». Et pourtant c’est un sujet qui concerne environ 50% de la population humaine. Les femmes, au lieu de se plaindre, culpabilisent généralement de gêner l’autrui en évoquant le problème et la douleur. Alors, qu’elles sont entrain de saigner, elles préfèrent faire passer le confort de quelqu’un avant le leur.  Quoi ? Il y a de la grenadine dans tes toilettes et tu n’en fais pas profiter les autres ? Pas gentil ça.

Lors d’une compétition de surf, une surfeuse pro nous a raconté « n’avoir pas osé déranger son coach en faisant un détour par la maison pour changer son tampon. Elle a préféré prendre le risque de garder le même toute la journée, cachée sous sa combinaison, plutôt que d’évoquer le sujet lors de leur trajet vers la compétition. » Crazy, no ?

Une autre nous a avoué n’avoir pas voulu enlever le bas de sa combinaison de la journée lors du Roxy Pro parce que ses règles étaient arrivés plus tôt que prévu et qu’elle en avait partout, « j’avais l’impression que tout le monde le voyait, je n’osais même pas m’assoir ! ». Et là, on dit: vive le poncho !

Stress supplémentaire pour certaines, douleur pour d’autres, les menstruations peuvent faire l’objet d’un véritable calvaire.

 

Quand la douleur freine la performance et qu’elle est passée sous silence

Une étude réalisée en France par l’Inseep en 2007 auprès de 363 sportives de haut niveau conclut que les douleurs liées aux règles sont bien réelles. 37% des femmes interrogées pensent que les douleurs physiques pendant leurs règles gênent leur activité sportive et nécessitent un traitement, et 64% estiment que le «  syndrome prémenstruel » diminue significativement leurs performances.

Quelle nana n’a jamais vécu le fait d’avoir le corps en vrac malgré que l’envie d’aller surfer sois là. A ce moment là, on culpabilise et on a la mauvaise idée d’envoyer un texto à notre mec: « Dis, à l’eau c’est parfait mais c’est shark attack chez moi et du coup j’ai la flemme, c’est mal ? ».  Réponse: « feignasse! »

Sur le site américain Quartz, un professeur de santé reproductive expliquait que les règles étaient potentiellement aussi douloureuses qu’une crise cardiaque. Selon lui, le sujet a été négligé pendant trop longtemps en raison d’un sexisme ancré dans l’univers scientifique. Ainsi, la douleur perçue par certaines femmes pendant cette période du mois serait sous estimée par de nombreux médecins. Les hommes de la profession seraient incapables d’imaginer la douleur ressentie. On connait les changements d’humeur lors de cette période, alors imaginez l’ambiance au pic si les mecs avaient leur règle…

S’allonger sur planche alors que les douleurs proviennent du bas du ventre est parfois difficile. Alors quelles sont les solutions ?

 

Remèdes de grand-mère pour surfeuses 

Qui n’a jamais entendu « il parait que l’eau froide ça stoppe les règles » ? Il en existe des théories sur le sujet mais sont-elles réellement efficaces…

Marie nous explique que pour elle, le surf est un anti-douleur lorsqu’elle a ses règles. « Quand je suis dans l’eau, je ne pense à rien, pas même à la douleur. J’ai même moins mal dans l’eau qu’à l’extérieur alors quand il s’agit de sortir de l’eau c’est une autre affaire et puis qui n’a jamais eu peur de laisser passer un bout de ficelle en enlevant sa combinaison… Finalement, on est mieux dans l’eau je vous le dit (rire) ».

Chez les femmes qui utilisent une contraception, la pilule peut être très efficace car elle permet de limiter les douleurs prémenstruelles et de décaler les règles à l’approche de grandes compétitions ou d’événements importants. Il suffit à la sportive d’enchaîner 2 plaquettes de pilules, sans les 7 jours habituels de pause. Avec la prise du contraceptif en continu, pas de baisse du taux de progestérone et pas de menstrues.

Emilie nous a avoué détester les tampons à cause de leur aspect chimique. Elle n’utilise donc que des serviettes hygiéniques. Hey oui, messieurs, on fait comme on peut et tant pis pour le sexiness. « Ça m’arrive de garder ma culotte et une serviette avec en dessous de ma combi. Je ne sais pas si ça sert vraiment à quelque chose étant donné que tout est mouillé après mais psychologiquement je me sens mieux comme ça ». Et chez Allons rider, on a envie de te dire « de toute façon ça ne regarde que toi et tu fais ce que tu veux ma cocotte, zut ! »

Puis, il y a les nanas comme Claire qui sont à la pointe des technologies en la matière : « LA solution c’est la « cup » ! Parfaite pour ce sport car pas besoin de la changer souvent, pas de ficelle qui dépasse, pas de problème avec l’eau. Franchement, c’est la solution idéale pour surfer tranquillement tout en ayant ses règles ! »

 

Il est réellement important que les recherches à propos des règles et de leurs douleurs se développent et fassent bouger les mentalités. Non, les règles ce n’est pas sale, ça peut faire très mal et les hommes n’imaginent pas à quel point. Pourrions nous arrêter de nous voiler la face dans les publicités pour les tampons, dans lesquelles le sang est bleue et les filles épanouies… Chez Allons rider, le sang est rouge et les surfeuses sont des warriors ! Point.

Crédit photo: Leo Maigret