Marion Haerty doit en partie sa passion pour le snowboard au père noël. Elle a alors 10 ans quand sa première planche de snowboard apparait sous le sapin. Depuis elle n’a jamais décroché et enchaine les saisons avec brio.  D’abord attirée par le slope style, elle fera ensuite ses preuves en free ride où elle est aujourd’hui championne du monde à seulement 25 ans. Marion, du haut de ses pentes vertigineuses, est une vraie badass qui inspire le respect.

Bonjour Marion, peux-tu te présenter ?

Hello ! Je fais de la planche à neige depuis mes 10ans, je suis passée par plusieurs style de compétitions, et me voila maintenant entrain de m’éclater en freeride depuis mon arrivée sur le Freeride World Tour il y’a 3 ans !
Sinon j’habite entre Grenoble, Annecy et Chamonix selon les périodes de l’année et j’essaye de valider un master en entrepreneuriat et commerce à côté.

Comment as-tu commencé le snowboard ? Et pourquoi pas le ski ? 

Mon grand frère faisait pas mal de snowboard et m’amenait avec lui et ses potes, du coup j’ai vite pris goût à l’ambiance et aux sensations que ça peut procurer, puis j’avais ce petit côté rebelle où je ne voulais pas faire du ski comme tout le monde au collège haha.

Qu’est ce que tu aimes dans le free ride ? 

La liberté de pouvoir dessiner ta ligne avec la montagne, laisser aller ton imagination pour faire la plus belle des danses avec la neige !

« Quand on choisit sa ligne sur une photo de l’ordi on se laisse vite emporter par des talents de super héros sorties de nulle part et quand on arrive devant la face en vrai on fait moins la maline d’un coup… »

Rider un park ou un pipe, c’est différent puisque tu « n’as pas » à analyser le terrain et les éventuelles embuches avant de t’y jeter. En free ride, c’est autre chose. Comment tu t’y prends ? Tu regardes des photos, des cartes ? Dans une vidéo je crois t’avoir vu dessiner la pente ? 

En effet, tu as toute une partie analyse à prendre en compte pour repérer ta ligne, ça se fait à l’aide de jumelle ou d’un appareil photo avec un bon zoom, j’aime bien souvent me retracer la ligne avec les pièges à éviter et l’enchainement que j’aimerais effectuer sur un bout de papier pour avoir un bon repaire visuelle et me remémorer tout ça.
Le plus difficile est de repérer sa ligne de face et ensuite de la retrouver une fois arrivée au sommet.

Finalement choisir la bonne ligne devant ton ordi, c’est presque aussi difficile que de la descendre une fois sur place ? 

Quand on choisit sa ligne sur une photo de l’ordi on se laisse vite emporter par des talents de super héros sorties de nulle part haha et quand on arrive devant la face en vrai on fait moins la maline d’un coup…

Est ce que ça t’arrives de perdre ta ligne de vue en pleine descente et de paniquer ? 

Ça ne m’est pas encore vraiment arrivé de me perdre pour le moment, ce qui arrive souvent est de se faire surprendre par un bout de glace ou un cailloux caché que tu n’avais pas forcement repéré avant la descente. Des fois tu as un peu l’impression de jouer à Mario.

Est ce que tu as un ou plusieurs mentors dans ta discipline ? Des gens qui t’ont beaucoup appris et inspirée ? 

Dans ma discipline j’ai pas mal de monde qui m’inspire, de mentors tels que Xavier De Le Rue a qui j’aime bien demander conseil dans certaine situation, Jean Louis St Arnault qui m’aide à developper mon instinct en montagne, Kimmy Fasani qui reste une pionnière du snowboard backcountry et continue de se faire soutenir par Burton même en étant enceinte.
Après j’ai d’autres femmes qui m’apprennent beaucoup comme mon amie Liv Sansoz plusieurs fois championne du monde d’escalade ou à travers des bouquins telle que Liv Arnesen, la première femme à avoir atteint le pole sud, Sarah Marquis la marcheuse qui a fait Sibérie-Australie…

« Ce qui est sur c’est que je n’ai pas envie de me mettre en danger pour prouver quoi que ce soit à la gente masculine, je progresse à ma façon. »

Comment vis-tu le fait justement d’être une nana dans une discipline où les hommes prédominent ? Est ce qu’il y a une part féministe chez toi qui te donne envie de montrer que les nanas aussi savent envoyer ? 

Ce n’est pas toujours évident de trouver sa place, quand on va en montagne j’ai du mal à suivre certains freerideurs et je trouve rarement un groupe de filles avec qui partager des sessions, mais j’ai la chance d’être entourée en général de copains qui me poussent à me surpasser et m’aident à me developper dans cette discipline.
Ce qui est sur c’est que je n’ai pas envie de me mettre en danger pour prouver quoi que ce soit à la gente masculine, je progresse à ma façon, mon envie de pousser mes capacités à rider au plus fort sont présentes, maintenant il est clair que j’aimerais vraiment avoir la capacité d’engager comme un Victor De Le Rue par exemple mais j’ai beau essayé de me libérer mentalement ou de me faire une bonne préparation physique, c’est difficile de suivre ses traces.

« J’essaye de rester positive et de ne surtout pas oublier que l’on fait ça avant tout pour le plaisir. »

Comment échappes-tu aux bad vibes quand tu n’es pas contente de ton score ou qu’une compétition/descente t’angoisse ? 

La musique a un role essentiel, elle me transporte, au sommet ça m’arrive de danser comme une tarée à écouter Jain et ensuite au départ je me met une chanson qui me fait vibrer de tout mon être pour permettre de me canaliser.
J’essaye de repousser un maximum les bad vibes, de rester positive à tout moment et de ne surtout pas oublier que l’on fait ça avant tout pour le plaisir.

Qu’est ce que tu ressens quand tu drop ? C’est un peu comme un take off en surf ? 

Une sensation de légèreté, de ne faire qu’un avec tous les éléments qui t’entourent, on peut comparer presque ça à un take off en surf oui.
Une fois lancée, tu ne t’arrêtes plus et là ton instinct prend le dessus, il n’y a plus rien d’autre qui ne compte à part la direction que tu veux prendre et les sensations que tu veux te procurer.

Quelle a été ta meilleure saison d’après toi et pourquoi ? 

Ma première saison sur le Freeride World Tour était magique, je venais de recevoir une Wild Card deux jours avant la première étape, le tout après avoir gagné trois qualifiers ! Je venais de sortir de 4 ans de coupe du monde de slope style, un nouvel univers s’offrait à moi, de nouvelles amies merveilleuses avec qui on a partagé des moments incroyables !

Si tu devais changer une chose dans le monde du snow, ça serait quoi ? 

Ça serait de voir plus de filles s’éclater sur une planche de snowboard !

Si la vidéo ne se lance pas, cliquez ici.

Merci beaucoup Marion d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et surtout de montrer que les femmes ont leur place sur une planche ! Allez suivre ses aventures sur instagram @marion_haerty